mercredi 21 décembre 2016

Le meurtre de l’ambassadeur, comme au cinéma?

Parmi la séquence meurtrière du lundi 19 décembre, une image se détache – pas forcément pour de bonnes raisons. L’assassinat de l’ambassadeur russe, Andreï Karlov, par un jeune policier turc, dans une galerie d’art d’Ankara, rappelle à certains l’attentat de Sarajavo, décrit comme le prélude à la Première guerre mondiale.
Du coup, plus encore que la vidéo qui a enregistré toute la scène, largement rediffusée par les chaînes d’information, les photos de l’événement frappent l’imagination. Réalisées quelques secondes après le meurtre par le photographe Burhan Ozbilici, témoin du drame, dont le professionnalisme lui a permis de reprendre le dessus, ces images montrent un homme en costume, le pistolet à la main, hurlant face au public, le doigt pointé dans un geste menaçant.


L’une d’entre elles, sélectionnée par Associated Press et diffusée sur son compte Facebook, sera choisie le lendemain comme image de Une par de nombreux quotidiens. Sur les réseaux sociaux, elle fait l’objet de jugements élogieux: « Tragic story but this is one of the greatest news photos I’ve ever seen » (Andy Abbott). « Cette photo restera dans l’histoire: le cadavre de l’ambassadeur russe en Turquie et son assassin cravaté« , estime de son côté Pierre Haski.
Les propriétés qui suscitent le commentaire et rendent cette image virale relèvent pourtant d’un espace ambigu. Rarement prise au cœur de l’action, la photographie documentaire en montre plus souvent les conséquences et les prolongements. Ici, le sang-froid du photographe permet de disposer d’une image exceptionnelle, qui décrit l’immédiat après-coup d’un attentat, dévoilant le visage de l’assassin, encore muni de son arme, mais aussi le corps de sa victime. Le fond blanc des cimaises confère à la scène un degré de lisibilité qui n’est généralement proposé que par les compositions du roman-photo. Pour couronner le tout, le costume-cravate, la posture et le pistolet du meurtrier évoquent également l’univers cinématographique, en particulier la célèbre séquence dite du « gun barrel » sur laquelle s’ouvrent tous les James Bond.
L’enregistrement vidéo donne une image moins glamour de l’événement. Les coups de feu, les cris de terreur du public, les hurlements du forcené, le corps de la victime à terre glacent le sang. Comme l’expriment quelques commentateurs, choqués par les éloges du cliché d’Associated Press: « You are all bloody crazy taking MORE notice of the way the photograph has been taken THAN the death of the Russian Ambassador for Turkey in Ankara ». Dans ce cas très particulier, on peut en effet considérer que les qualités iconiques de la photo tiennent du malentendu. Il y a des images qui ne méritent peut-être pas de rester dans l’histoire.

lundi 19 décembre 2016

Islam politique: des motivations plus profanes et politiques que religieuses

Revenant sur ses longues années de recherche dans les pays arabes, le politologue François Burgat, fait un tour d'horizon de leur évolution dans Comprendre l'islam politique (La découverte).

De l'Algérie à la Syrie en passant par l'Égypte et le Yémen, François Burgat, est l'un des premiers chercheurs à avoir pris conscience de l'importance de l'essor de l'islam politique.

Revenant sur ses années d'observation et de recherche dans les pays arabes, il fait, dans son livre Comprendre l'islam politique*, le point à la fois sur l'évolution du phénomène dans la région, mais également sur la construction de sa grille d'analyse de l'islamisme. L'occasion d'un retour aussi éclairant que passionnant sur les quatre dernières décennies de cette région du monde si troublée.
Rupture symbolique avec l'ex-puissance coloniale et les élites
Son entrée en contact avec ce qui deviendra son objet d'étude démarre au début des années 1970, en Algérie, où il passe sept années, pour sa recherche doctorale. De là, il sillonne aussi les pays voisins, Libye et Tunisie, en particulier. Il prend conscience de la réaffirmation identitaire que constitue le retour à l'islam -ce qu'il appelle le "parler musulman". Celui-ci ouvre un univers symbolique "perçu comme endogène", comme "hérité de la culture du grand-père". Il n'est imposé ni du dehors par la puissance coloniale, ni d'en haut, par les élites". Cette quête se nourrit en effet de la perception des élites nationalistes et bien souvent autocratiques comme acquises à l'univers symbolique du colonisateur.

Dès le départ, le chercheur a la conviction que "les vertus mobilisatrices de ce lexique musulman retrouvé proviennent moins de sa dimension sacrée que de son caractère endogène". Il voit dans cette évolution la poursuite de la rupture indépendantiste, au plan politique, et de celle des nationalisations au plan économique.


La progression de l'islam politique se traduira en Algérie par la victoire du Front islamique du salut (FIS) dans les urnes, en 1991. Avant que la confiscation de cette victoire par l'armée et la répression qui suit enclenche un cycle de violence dans le pays. Avec du recul, Burgat y voit l'annonce des soulèvements arabes de 2011.

"Ce n'est pas en réformant le discours religieux que l'on pacifiera le Proche-Orient"
Dans la deuxième partie de son ouvrage, l'auteur revient sur la radicalisation djihadiste. En désaccord avec l'approche culturaliste largement répandue, il montre que les motivations des islamistes radicaux et des djihadistes sont souvent bien plus profanes et politiques que religieuses. Plutôt que "de disserter sur le caractère 'islamique' du lexique utilisé par les révoltés", dit-il, il faut "rechercher les causalités sociales et plus encore politiques de leurs actes". Il prend notamment ses distances avec ses confrères Olivier Roy et plus encore avec Gilles Kepel selon qui la radicalisation sectaire serait le préalable ou la cause de la radicalisation politique.

"Si pour pacifier, on croit qu'il faut réformer la pensée religieuse radicale, on part dans la mauvaise direction, dit-il. Car ce n'est pas en réformant le discours religieux que l'on pacifiera la région, mais bien en pacifiant la région que l'on réformera le discours religieux."

* Comprendre l'islam politique. Une trajectoire de recherche sur l'altérité islamiste. 1973-2016. François Burgat. La Découverte, 260 p. 22 €

vendredi 14 octobre 2016

Après le burn-out et le bore-out, voici le brown-out

Cette nouvelle pathologie touche le salarié laminé par l’absurdité quotidienne des tâches à accomplir.
image: http://s2.lemde.fr/image2x/2016/10/13/534x0/5012740_6_2970_2016-10-12-9c75537-12519-1dg9gof-g1e0sbgldi_b17c306d9d6bcffe0e31af1a99822df8.jpg

SIMON LAW/ CC BY-SA 2.0
Reconnaissons au moins ce mérite au monde du travail : il produit des pathologies professionnelles sans cesse renouvelées, résultant du caractère protéiforme des tortures qui sont infligées au salarié. Cousin éloigné de l’antique bûcher, le burn-out, cette « consumation » par excès d’investissement, est désormais entré dans le langage courant. Le mail professionnel reçu à 1 heure du matin – et auquel on se sent obligé de répondre – participe de cette dynamique crématoire qui finira par transformer l’employé trop zélé en petit tas de cendres fumantes.
Si, en revanche, votre entreprise ne vous donne rien à faire, vous risquez alors d’être aspiré dans un tourbillon de vacuité que l’on nomme le bore-out. Nous ne sommes pas loin, dans ce cas, d’une forme de réinterprétation des oubliettes médiévales, où l’on tentait vainement de tromper l’ennui en jouant au morpion avec les os de ses prédécesseurs.
Baisse de courant psychique
A côté de ces deux formes chatoyantes de négation de l’individu, par le feu de l’hyperactivité et par le rien, il faut en ajouter une troisième, qui émerge aujourd’hui telle une nouvelle évidence. Son nom ? Le brown-out. Cette baisse de courant psychique peut être envisagée comme une sorte de dévitalisation provoquée par l’absurdité quotidienne des tâches à accomplir.
Au cœur de cette forme réactualisée d’écartèlement psychique, la perspective d’un salaire régulier finit par entrer en opposition avec le caractère rebutant des missions qui vous sont confiées. Mettre la pression sur les échelons inférieurs comme si vous étiez un garde-chiourme du bagne de Cayenne, travailler pour un client dont vous savez pertinemment que l’action produit un effet néfaste sur la marche du monde, se prosterner devant les chiffres et favoriser ainsi l’avancée de cette froide logique statistique devenue étalon existentiel : les occasions de participer à l’édification d’un monde qu’on exècre sont légion en entreprise.
La pire part de soi-même
Au final, toutes ces actions répétées qui heurtent vos valeurs profondes fertilisent le terrain du brown-out et conduisent à votre désinvestissement progressif. Ce mouvement de retrait est logique lorsque l’on constate que la vie de bureau sollicite non pas la meilleure, mais la pire part de soi-même.
Dans leur ouvrage The Stupidity Paradox (Pearson, non traduit), les chercheurs britannique et suédois André Spicer et Mats Alvesson étudient cette mécanique surprenante qui veut que les entreprises recrutent des diplômés brillants pour exiger d’eux, au final, qu’ils mettent leur cerveau en sommeil. Ces jeunes travailleurs qui s’attendaient à des tâches stimulantes se retrouvent alors à faire la danse du Powerpoint pour tenter d’hypnotiser les clients, dans un climat intellectuel para-prostitutionnel.
Concassage de l’individu
On en vient alors à se demander si la fonction réelle de l’entreprise ne serait pas le concassage de l’individu, l’être humain étant devenu la matière première d’un processus global de destruction créatrice directement inspiré par l’économiste Joseph Schumpeter.
Syndrome plein d’avenir, le brown-out – et sa prise en charge – se révèle une aubaine pour l’industrie pharmaceutique (réponse moléculaire), les psys (réponse conversationnelle) et la myriade de sous-traitants qui revendent désormais de la quête de sens en pack (réponse transcendantale).
Nicolas Santolaria

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/m-perso/article/2016/10/13/apres-le-burn-out-et-le-bore-out-voici-le-brown-out_5012742_4497916.html#5viEwtbub7VJEjC4.99

jeudi 13 octobre 2016

Les étudiants sont désormais formés au « savoir-être »


Créatif, innovant, optimiste : les entreprises n’ont plus que ces adjectifs à la bouche. Récemment, un célèbre cabinet d’audit américain a annoncé son intention de recruter quatre profils types. Pour les définir, l’entreprise a utilisé ­quatre néologismes : « outoftheboxeur, synergisant, révolueur, éconoclaste ». Du marketing qui frôle la caricature, mais qui conforte l’importance qu’ont prise dans le monde du travail les soft skills, ces qualités humaines ou compétences émotionnelles.
La différence entre deux candidatures a priori égales se fait désormais sur le « savoir-être ». Plus le candidat est « adaptable », « optimiste », « créatif » ou « doté d’un esprit d’équipe », plus il séduira le recruteur.
Lire aussi : Pour trouver un emploi, la personnalité compte plus que les stages

Atelier de pleine conscience
Grandes écoles et universités ont dû s’adapter à cette évolution et veiller à ce que leurs étudiants ­arrivent outillés sur le marché de l’emploi. Mais peut-on enseigner les soft skills, parmi lesquelles ­figurent l’empathie, l’enthousiasme, la bienveillance, comme on enseigne la biologie, la littérature ou la finance ?
« LES COMPÉTENCES CHANGENT RAPIDEMENT. NOS ÉTUDIANTS DOIVENT POUVOIR TRAVAILLER DANS L’INCERTITUDE, LA COMPLEXITÉ ET L’INNOVATION. POUR CELA, ILS DOIVENT SE CONNAÎTRE EUX-MÊMES »
Dominique Steiler, enseignant-chercheur en management à GEM (Grenoble Ecole de Management) et titulaire de la chaire « Mindfulness, bien-être au travail et paix économique », a créé des ateliers de pleine conscience dans son établissement. Les ­formats pédagogiques classiques – salle de classe, cours théorique, ton magistral – sont délaissés au profit d’un travail collaboratif, de projets ou d’ateliers en petits groupes.
« Il faut que les étudiants apprennent à apprendre. Les compétences changent rapidement, il y a des métiers qui existeront dans dix ans et qu’on ne connaît pas encore. Nos étudiants doivent pouvoir travailler dans l’incertitude, la complexité et l’innovation. Pour cela, ils doivent se connaître eux-mêmes », explique Laure Bertrand, directrice du département « Soft skills et transversalité » du pôle universitaire Léonard-de-Vinci, à la Défense (Hauts-de-Seine).
Dans les écoles d’ingénieurs, traditionnellement vouées à enseigner des compétences tech­niques, la révolution soft skills a déjà eu lieu. « L’ingénieur n’est plus seulement le gestionnaire de la technique, car celle-ci s’est automatisée et numérisée. Il est devenu une interface entre la technique et les fournisseurs, entre les clients et son entreprise », analyse Denis Lemaître, le directeur de la formation de l’Ecole nationale ­supérieure des techniques avancées (Ensta) Bretagne. Comme le manageur, l’ingénieur doit posséder des compétences en communication.
D’autant que la CTI (commission des titres d’ingénieurs) impose désormais un volet « humain » dans son référentiel de compétences. « Nous essayons de ne pas déconnecter ces compétences d’avec les valeurs de notre école – éthique et réflexivité –, qui a été fondée par le philosophe Gaston Berger. Il ne faut pas confondre soft skills et recettes de cuisine », nuance Christophe Odet, directeur adjoint de l’Institut national des sciences appliquées (Insa) de Lyon.
Potentielle dérive utilitariste
A l’université, les soft skills sont encore largement absentes des cursus, en dehors des filières de gestion, de management et de ressources humaines. Cette année, les universités de Paris-Dauphine et d’Avignon ont, elles, mis en place des « enseignements d’ouverture ». A Dauphine, la ­participation des étudiants de premier cycle y est obligatoire, mais elle n’est pas notée.
« L’IDÉE EST DE FAIRE ÉMERGER DES ÊTRES SINGULIERS, PAS DES SUPER-QI SUR PATTES. LES “SOFT SKILLS” QUE NOUS ­ESSAYONS DE TRANSMETTRE NE DOIVENT PAS ÊTRE LE REFLET D’UNE SOCIÉTÉ SAVANTE, MAIS AU CENTRE D’UNE AVENTURE HUMAINE »
Catherine Chouard, ancienne directrice des ressources humaines, a animé le premier module de soft skills dans un amphithéâtre de 800 places, avec des étudiants de première année de licence équipés d’un boîtier digital. Moyenne d’âge : 17,5 ans. « L’idée est de faire émerger des êtres singuliers, pas des super-QI sur pattes, précise-t-elle. Les soft skills que nous ­essayons de transmettre ne doivent pas être le reflet d’une société savante, mais au centre d’une aventure humaine. »
Dominique Steiler, attire l’attention sur une potentielle dérive utilitariste de ces « compétences comportementales » : « Si l’on pense au retour sur investissement de la bienveillance, est-ce encore de la bienveillance ? La gratitude ne doit pas être au service du profit et de l’hyperperformance de l’entreprise. On ne peut pas la quantifier, encore moins avec une barre de niveau sur un CV, ça n’a pas de sens ! »
Lire aussi : Les robots recruteurs ont-ils du flair ?

A Grenoble Ecole de Management, les étudiants qui ont pu suivre les ateliers de pleine conscience lancés en 2016 se sont montrés intéressés et… déconcertés. Mélanie Foucher, 21 ans, étudiante de deuxième année, a suivi ces séances : « Les premiers ateliers sont déroutants. On nous demande de nous allonger par terre ou d’apprendre à respirer. Mais le fait de mettre des mots sur ces sensations permet d’être à l’écoute de nous-mêmes et de gérer notre stress. »
Lire aussi : En entreprise, la personnalité des diplômés devient primordiale

Pleine conscience, interactivité, projets pluridisciplinaires… Nul doute que la transmission des soft skills n’en est qu’à ses ­débuts à l’université et dans les grandes écoles.
Article publié en partenariat avec FormaSup Ain Rhône Loire et Skilvioo, dans le cadre de la Rencontre « CV Compétence » organisée jeudi 13 octobre à 18 heures à l’auditorium du Monde.
A chaque pays, ses compétences revendiquées…
Selon que vous serez un jeune diplômé indien, américain ou chinois, vous ne revendiquerez pas les mêmes compétences. Une étude réalisée par Ernst & Young, le CSA et Linkedin, en 2014, intitulée « La révolution des métiers », montre que la carte des compétences inscrites sur les profils Linkedin dépend du pays d’origine.
Ainsi les salariés des pays développés mettent plus en avant leurs compétences « comportementales » que « techniques ». Les Américains par exemple évoquent sans complexe leur aptitude à « l’amélioration de processus », au « leadership » ou à l’« esprit d’équipe ». Les Britanniques parlent de « travail en équipe », mais également de « coaching » ou « de gestion du changement ». Un Français valorisera quant à lui le « marketing digital » et, la « gestion – et non le travail – d’équipe ».
Les inscrits des pays émergents, eux, préfèrent largement citer leurs compétences techniques. Au Brésil, on met en avant des compétences liées aux logiciels ou à l’industrie. Les Indiens valorisent leurs atouts en développement informatique. Quant aux Chinois, ils préfèrent parler de leur industrie manufacturière.
Marine Miller
Journaliste au Monde

jeudi 6 octobre 2016

Petite et grande histoire du féminisme en BD


Le féminisme

Anne-Charlotte Husson et Thomas Mathieu

Onzième tome de la Petite bédéthèque des savoirs, collection de vulgarisation en bande dessinée lancée par le Lombard au début de l’année, ce récit historique et sociologique revient sur les grandes étapes et les concepts-clés du féminisme en décryptant sept slogans et citations (Olympe de Gouges, Simone de Beauvoir, Benoîte Groult) associés à ce mouvement. Anne-Charlotte Husson, doctorante en sciences du langage à l’université Paris 13 et animatrice du blog Genre !, s’est associée au dessinateur Thomas Husson, auteur du tumblr Projet Crocodiles, qui relate des témoignages liés au sexisme ordinaire et au harcèlement de rue. Leur ouvrage sortira en librairie le 7 octobre.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/bande-dessinee/visuel/2016/10/05/petite-et-grande-histoire-du-feminisme-en-bande-dessinee_5008660_4420272.html#diE1YUIo1AeIFzro.99



mercredi 5 octobre 2016

Yahoo espionne tous vos e-mails pour le compte de la NSA ou du FBI

Yahoo a accepté sans combattre d'installer un logiciel sur ses serveurs, qui regarde le contenu des e-mails qui arrivent et transmet aux services de renseignement américains ceux qui peuvent les intéresser. Il est plus que temps de fermer son compte Yahoo.

L’agence Reuters a révélé mardi que les ingénieurs en charge du service des e-mails de Yahoo ont développé et mis en place en 2015 un logiciel qui scanne le contenu de tous les messages envoyés vers les centaines de millions de comptes Yahoo, pour copier et mettre à la disposition des autorités américaines ceux qui contiennent certaines chaînes de caractères intéressant les services de renseignement. L’ordre confidentiel, qui émanerait de la NSA ou du FBI et a été confirmé par quatre sources dont trois anciens employés de Yahoo, a été suivi sans que la direction de Yahoo le conteste.

C’est la découverte du bout de code qui aurait conduit le chef de la sécurité de Yahoo, Alex Stamos, à démissionner et partir chez Facebook en juin 2015. Ses équipes n’avaient pas été informées et il jugeait que le code mettait en danger la sécurité des utilisateurs.


En 2012, Edward Snowden avait déjà révélé l’existence du programme PRISM de la NSA, auxquels participaient de nombreux géants du web, qui permettaient aux agents d’obtenir l’accès à des données d’utilisateurs stockées sur le cloud, à travers des requêtes ciblées. Mais le programme de surveillance mis en place par Yahoo est le premier du genre connu, qui vise à espionner massivement l’ensemble des courriels au moment où ils arrivent dans les boîtes aux lettres, pour mettre de côté ceux qui sont susceptibles d’intéresser les services américains.

GOOGLE ET MICROSOFT ASSURENT NE PAS FAIRE LA MÊME CHOSE. SNOWDEN EN DOUTE.

Cette demande est probablement le résultat de la politique de chiffrement mis en place par la plupart des grands éditeurs de services en ligne, après les révélations de Snowden. Tous ont décidé de chiffrer les communications pendant leur transit y compris entre leurs propres serveurs, ce qui rend difficile pour la NSA ou d’autres services la détection et l’appréhension de messages « intéressants ». Mais une fois arrivés à destination, les e-mails ne sont plus chiffrés, et Yahoo dispose donc de la possibilité d’en scanner le contenu.

L’agence Reuters a demandé à ses concurrents Google et Microsoft s’ils avaient reçu le même type d’ordre pour Gmail ou Live. « Nous n’avons jamais reçu une telle requête, mais si c’était le cas, notre réponse serait simple : pas question », a affirmé un porte-parole de Google. Microsoft, lui, se fait plus évasif. « Nous ne nous sommes jamais livrés dans le scan secret du trafic email tel que celui qui a été rapporté au sujet de Yahoo aujourd’hui ».

Cela peut vouloir dire que Microsoft a bien reçu un ordre mais qu’il a refusé de l’appliquer, ou qu’il a appliqué un ordre légèrement différent. Pour Snowden, il faut considérer que toute entreprise qui reste floue est « aussi coupable que Yahoo ».



L’agence Reuters précise que c’est Marissa Mayer elle-même, avec certains lieutenants, qui ont décidé de ne pas combattre l’ordonnance reçue par Yahoo, et de s’y plier, « en partie parce qu’ils pensaient qu’ils perdraient » en cas de recours. Mais forcément quand on ne se bat pas, on ne peut que perdre.

L’American Civil Liberties Union (UCLA), elle, estime qu’un tel programme était clairement illégal et même inconstitutionnel :


Le nombre des e-mails identifiés et transmis par Yahoo aux services de renseignement américains est inconnu. Mais le principe-même va continuer à entacher durement la réputation de Yahoo, qui avait déjà dû reconnaître le mois dernier le piratage des identifiants de 500 millions de comptes.

Reste-il une seule bonne raison de garder un compte Yahoo actif ?


vendredi 23 septembre 2016

Enquête sur les dérives du lean management

Tendance Le Prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail, organisé par le Toit Citoyen, a été remis à Marie-Anne Dujarier pour « Le management désincarné  » qui décrit les dérives des « planneurs », ces faiseurs de dispositifs qui opèrent sans scrupules loin du terrain.

Qu’il s’agisse du nombre d’appels ou de rendez-vous assumés, du nombre de pannes ou de réclamations traités, de la proportion de contrats ou d’achats engrangés, les salariés des grandes organisations privées ou publiques ont tous des objectifs quantifiés et mesurés à atteindre. Y compris les journalistes... Ce management « par les nombres », qui se généralise, est élaboré par des « planneurs », des cadres qui imposent de nouveaux standards « campées sur ordinateur, comme vu d’avion, en plan, de manière abstraite » , décrit la sociologue du travail et des organisations Marie-Anne Dujarier dans « Le Management désincarné » (La Découverte), un livre déprimant, anxiogène mais palpitant sur les dérives du lean management.

Ce terme de « planneur » est un néologisme construit de toutes pièces par cette chercheur au Cnam-CNRS pour décrire ces « faiseurs et diffuseurs de dispositifs » qui « planent » . Chargés d’optimiser la performance d’une entité, de faire baisser les coûts (masse salariale, turn-over, absentéisme, risques, etc.), d’augmenter la valeur dégagée par l’entreprise (rendement, productivité, taux d’occupation, etc.), leur réussite se mesure à leur capacité à implémenter des dispositifs standardisés (ERP, lean, kaizen…) et à forcer le changement. Au service de la massification et de la standardisation, ces « planneurs», contrairement aux cadres de proximité, opèrent dans des bureaux éloignés des opérations concrètes et du terrain. Employés pour faire le «sale boulot managérial » ils ne font que manipuler des datas sur un écran.

Qui sont-ils ? Ni experts d’un métier ou d’un secteur, ni entrepreneurs, ni propriétaires, ni chercheurs, il sont intermédiaires financiers, auditeurs, ingénieurs méthodes, contrôleurs de gestion ou encore consultants, et rendent compte à des donneurs d’ordre (DRH, DSI, directeurs financiers et juridiques, associés de cabinet de conseil ou de fusions-acquisitions, etc.) . « Dans le conseil, ce sont de jeunes diplômés de grandes écoles qui n’ont jamais mis les pieds en entreprise et passent leurs journées à manipuler des algorithmes », témoigne Marie-Anne Dujarier. « L’inexpérience des dimensions matérielles, sociales et existentielles du travail devient alors une compétence pour ce genre de postes », analyse la sociologue.

Symptôme de l’absurdité de ce mode de management, les « planneurs », qui utilisent eux-mêmes des dispositifs et des process mis à disposition par leurs pairs, exercent également leur droit de critique sur le décalage de performance entre la théorie et la pratique. « Une direction informatique doit rendre des comptes au contrôle de gestion, appliquer des démarches qualité et des procédures RH, au même titre que la DRH doit utiliser les systèmes d’information concoctés par la DSI et suivre la démarche de pilotage par les objectifs animée par le contrôle de gestion. Or en pratique un DRH dit se fier davantage à son feeling pour recruter un proche qu’à la procédure dite d’évaluation mise en place dans son organisation », démontre Marie-Anne Dujarier.

Sur la même ligne, les dirigeants interviewés, issus de secteurs variés, affichent cette juste clairvoyance, soulignant les effets bureaucratiques fâcheux de ce management par la performance (multiplication des indicateurs, des systèmes d’information, des procédures, etc.) parfois contre-productif comme en témoignent divers opérateurs salariés dans l’ouvrage. Tous doutent des résultats, ne serait-ce qu’en matière d’innovation et de relation client.

Le plus grave et le plus préoccupant, c’est finalement l’enthousiasme de ces soldats «planneurs » , avides de missions improbables, tel ce spécialiste en gestion RH, appelé pour « licencier 500 personnes en trois mois sans faire de vagues  » qui se dit « excité par la mission » et « impatient de réussir ce beau challenge  ».


En savoir plus sur http://business.lesechos.fr/directions-ressources-humaines/ressources-humaines/harcelement-au-travail/021687745476-enquete-sur-les-derives-du-lean-management-207240.php?mVBozVbcvGKlKEDz.99

mardi 20 septembre 2016

Frais cachés de Natixis - La liste des 42 fonds particulièrement concernés

Voici la liste des fonds à formule commercialisés dans les réseaux des Banques populaires et des Caisses d’épargne, encore en cours en 2015, dont les rendements ont été le plus impactés par les marges cachées.

Nous publions ci-dessus les noms d’une quarantaine de fonds à formule gérés par Natixis Asset Management (NAM), pour le compte des Banques populaires et des Caisses d’épargne. Ces fonds, souscrits dans le cadre d’une assurance vie, d’un PEA ou d’un compte-titre, ont fait l’objet de frais de gestion supplémentaires par NAM, sans que les clients en aient été avertis. En pratique, le nom des fonds (ou unité de compte dans les assurances vie) se retrouve sur les bulletins de souscription ou les relevés annuels d’épargne sous le titre « Libellé du support ». La marge prélevée dans le dos des clients tourne en moyenne autour de 0,20 %, avec des pointes à 0,57 %. Une marge qui représente, par exemple, plus de 3,1 millions d’euros pour le fonds Izéis Vie Décembre 2017.
Tous les fonds de cette liste ont été souscrits à partir de 2008 et étaient encore en cours en 2015. Mais plusieurs fonds antérieurs (souscrits après 2005, comme des fonds Odeis et Al Dente) sont aussi concernés, comme nous le montrons dans notre enquête. En collaboration avec le site d’information Mediapart, qui publie un nouvel article sur le sujet, « Que Choisir » poursuit ses investigations afin de définir quel pourrait être le montant des préjudices pour les consommateurs.

dimanche 18 septembre 2016

Recyclivre

RecycLivre collecte les livres d'occasion, CDs, DVDs, vinyles, jeux vidéos dont vous souhaitez vous séparer. Dans les villes où nous intervenons, nous venons les chercher chez vous gratuitement lors de l'une de nos tournées. Pas besoin de les emballer, nous venons avec des cartons.

RecycLivre n'a cependant pas vocation à recycler les livres d'occasion pour en faire du papier, mais bien de les revendre pour pouvoir soutenir des programmes d'éducation dans des régions du monde qui en ont besoin.

Attention ! Nous ne pouvons donc pas collecter les livres très abîmés ou aux contenus obsolètes (ex : manuels scolaires), les dictionnaires et encyclopédies, les livres clubs (ex : France Loisirs, Grand Livre du Mois, Sélection du Livre...) tout comme les revues et journaux et les guides de voyage.

Si vous prévoyez d'emballer vos livres, merci de le faire dans des cartons de taille raisonnable (40cm*30cm*30cm environ) de façon à ce qu'ils soient manipulables par une personne seule.

Nous proposons également un service de débarras de livres, CDs, DVDs, Vinyles.

Vous pouvez aussi venir déposer vos livres dans nos bureaux.

samedi 10 septembre 2016

Les énarques : une oligarchie dépassée

Pourquoi la France, pays disposant d’atouts naturels et humains, réussit-elle moins bien que certains de ses voisins ? Pourquoi le pessimisme sur l’avenir est-il un mal typiquement français ? Pourquoi ce pays ne parvient-il pas à s’adapter à la réalité contemporaine qui est le dépassement de l’État-nation et l’évolution vers une globalisation scientifique, économique, financière et parfois même associative ? Toutes ces questions comportent des réponses complexes, mais les quelques milliers de personnes qui constituent la haute administration française ont nécessairement, puisqu’elles dirigent le pays, une part importante de responsabilité dans la situation actuelle. D’autant que la situation française est tout à fait singulière.

Les spécificités historiques

Un État-nation très centralisé se construit très tôt en France et ses dirigeants accumulent un pouvoir écrasant la société civile. La monarchie absolue, le jacobinisme, l’Empire napoléonien, la troisième République sont des régimes politiques glorifiant l’État et mettant l’élite à son service. L’aristocratie d’Ancien régime a été remplacée par une aristocratie d’Empire puis par une aristocratie républicaine. Mais toujours, une petite oligarchie a détenu l’essentiel de la compétence et du pouvoir dans la sphère publique.

En 1945, ce travers bien français est accentué par la création de L’École nationale d’administration (ENA). Les hommes qui ont présidé à la naissance de l’ENA, sous le gouvernement provisoire de la République (1944-1946), sont le général de Gaulle, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français, et Michel Debré. Inutile de préciser que ces hommes sont bien loin du libéralisme. Ce sont des étatistes convaincus, qui veulent construire un État puissant et s’en donnent les moyens. Leur réussite sera complète.
Compétence et conquête du pouvoir

La noblesse d’État sera donc désormais formée, et même formatée, dans une école spécifique. Coupée de la société civile, cette caste maîtrise parfaitement les rouages complexes de l’administration et des institutions républicaines. Elle connaît les finesses du droit public et dispose d’une compétence sans partage en matière de finances publiques. Les politiciens, désignés ou élus, doivent composer avec cette technocratie d’État, car sans elle, ils ne sont rien : sans la bonne volonté des administrations, impossible d’agir.

Peu à peu, à partir du milieu des années 1960, les énarques vont coloniser les cabinets ministériels et les fonctions politiques. Le statut de la fonction publique leur est très favorable. Un fonctionnaire élu est placé en position de détachement et peut retrouver son poste s’il n’est pas réélu. Le risque est donc nul. Pourquoi alors ne pas cumuler la compétence du haut fonctionnaire et le pouvoir du politique ? On imagine la puissance que cela représente : être beaucoup plus compétent que la plupart des députés du fait de l’expérience professionnelle et disposer de la légitimité démocratique par l’élection. La combinaison est presque toujours gagnante. Le risque, encore une fois, est pratiquement nul.

Un cas unique au monde

Il existe des études statistiques permettant d’apprécier l’importance numérique et le pouvoir des énarques dans le monde politique et les cabinets ministériels . Mais sans entrer dans ces détails, chacun peut très facilement constater cette spécificité française en se limitant aux plus hautes fonctions politiques. Après la période de fondation de la Ve République par le général de Gaulle (1958-1969), six Présidents de la République (PR) se sont succédés. Trois d’entre eux sont des énarques (Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, François Hollande). En ce qui concerne les premiers ministres (PM), sur la même période (1969 -2015), les énarques dominent également. Le tableau suivant fournit un panorama d’ensemble :

Sur une période d’environ 46 ans, le Président a été un énarque pendant 21 ans et le Premier ministre pendant 25 ans, soit 55% du la durée totale. Mais les périodes où ni le Président ni le Premier ministre ne sont des énarques se limitent à une dizaine d’années. Un énarque a donc été présent dans le couple Président – Premier ministre pendant environ 36 années sur 46.
Ce phénomène est unique au monde. Une seule école a une place prépondérante en France dans le recrutement des gouvernants depuis la fin des années soixante. Dans tous les autres pays développés, le recrutement est beaucoup plus diversifié. Prenons deux exemples sur la même période : Allemagne et États-Unis.

Pourquoi le système français conduit-il à l’échec ?

Tout simplement parce que la formation des énarques est étroite, sans ouverture sur la diversité sociale, économique, technologique, scientifique. Le secteur public, rien que le secteur public pour l’écrasante majorité de ces hauts fonctionnaires qui régentent le pays. L’actuel Président de la République constitue un exemple presque caricatural de cette expérience limitée. Candidat socialiste par défaut, il parvient au poste suprême pour l’unique raison que les meilleurs de son camp (Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn) ont été écartés par des ennuis judiciaires. L’improbable se produit donc et un énarque-apparatchik pur, sans aucune expérience ministérielle, accède à la présidence. Il maîtrise parfaitement les combinaisons partisanes et électoralistes, dispose d’une vaste culture politique, économique et juridique, mais n’est jamais sorti du cercle de la technocratie publique et des cadres des partis politiques. Il ignore tout de la vie vécue par 99% de ses contemporains. Son monde est celui des équilibres politiques subtils et de l’évitement stratégique. Ce profil est archétypal de la haute fonction publique. Combien de petits François Hollande gouvernent la France ?

Les énarques ne sont pas adaptés au monde ouvert qui est le nôtre. Créée par des étatistes après la seconde guerre mondiale, l’ENA pouvait représenter un atout dans une France aux frontières hermétiques, se protégeant de la concurrence par des droits de douane et des contingentements. Le capitalisme de connivence pouvait fonctionner avec une certaine efficacité dans un contexte purement national. Mais l’ouverture des frontières change la donne car la connivence n’existe pas à l’échelle internationale. Lorsque le pays doit affronter la concurrence des pays de l’Union européenne (libre circulation), celle des pays émergents et celle des pays développés extra-européens (abaissement des obstacles aux échanges), les petits arrangements au sein de l’élite politico-administrative représentent un handicap. Il n’est plus question d’utiliser les subterfuges traditionnels pour tromper la population, en particulier la dévaluation de la monnaie. La France était auparavant une grande adepte de la dévaluation qui permettait de masquer à la population l’inefficacité relative de sa gestion publique. L’inflation constituait une autre supercherie : la Banque de France pouvait créer de la monnaie sur instruction gouvernementale et rembourser ensuite la dette publique en monnaie de singe. Cette époque est définitivement révolue.

Il faut désormais être compétitif, s’adapter sans cesse aux évolutions, bref accepter la concurrence. Du fait de sa formation, l’aristocratie républicaine en est incapable. L’attitude archaïque de la France en Europe ressemble donc, dans son principe, à celle de la Grèce : promettre toujours, mais ne jamais tenir, mentir pour obtenir des délais, éviter la confrontation au réel par des manœuvres politiques. Ce ne sont pas les Français qui refusent le monde actuel, puisqu’ils fuient de plus en plus le pays pour s’installer à l’étranger. Ce sont leurs dirigeants, une caste fermée sur elle-même et protégeant ses privilèges au détriment de la population entière.

Les manœuvres politiques ne fonctionnent plus aujourd’hui. L’élite administrative et politique française est totalement rejetée par la population. Il suffit d’écouter. Deux thèmes reviennent souvent dans les discussions du Café du Commerce : on ne comprend rien à ce qu’ils racontent ; ils ne font qu’augmenter les impôts sans rien donner en contrepartie. L’insatisfaction grandissante des Français et les succès électoraux du Front National sont les premiers symptômes de la fin de l’énarchie.

mercredi 7 septembre 2016

Médias français : qui possède quoi ?

Nous publions une carte du paysage médiatique français, qui permet de démêler l’écheveau des concentrations dans la propriété des grands médias. Cette carte est le fruit d’un partenariat entre Acrimed et Le Monde diplomatique.

http://www.acrimed.org/Medias-francais-qui-possede-quoi

Les laboratoires pharmaceutiques qui arrosent le plus les médecins... et les médecins les plus arrosés

http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/les-laboratoires-pharmaceutiques-qui-arrosent-le-plus-les-medecins-1020396

https://www.transparence.sante.gouv.fr/

http://www.regardscitoyens.org/sunshine/
Lumière sur Sunshine
Ce que les labos donnent à nos médecins

Open Data sur les cadeaux et contrats versés par les laboratoires pharmaceutiques
aux praticiens de santé entre janvier 2012 et juin 2014