vendredi 23 septembre 2016

Enquête sur les dérives du lean management

Tendance Le Prix du meilleur ouvrage sur le monde du travail, organisé par le Toit Citoyen, a été remis à Marie-Anne Dujarier pour « Le management désincarné  » qui décrit les dérives des « planneurs », ces faiseurs de dispositifs qui opèrent sans scrupules loin du terrain.

Qu’il s’agisse du nombre d’appels ou de rendez-vous assumés, du nombre de pannes ou de réclamations traités, de la proportion de contrats ou d’achats engrangés, les salariés des grandes organisations privées ou publiques ont tous des objectifs quantifiés et mesurés à atteindre. Y compris les journalistes... Ce management « par les nombres », qui se généralise, est élaboré par des « planneurs », des cadres qui imposent de nouveaux standards « campées sur ordinateur, comme vu d’avion, en plan, de manière abstraite » , décrit la sociologue du travail et des organisations Marie-Anne Dujarier dans « Le Management désincarné » (La Découverte), un livre déprimant, anxiogène mais palpitant sur les dérives du lean management.

Ce terme de « planneur » est un néologisme construit de toutes pièces par cette chercheur au Cnam-CNRS pour décrire ces « faiseurs et diffuseurs de dispositifs » qui « planent » . Chargés d’optimiser la performance d’une entité, de faire baisser les coûts (masse salariale, turn-over, absentéisme, risques, etc.), d’augmenter la valeur dégagée par l’entreprise (rendement, productivité, taux d’occupation, etc.), leur réussite se mesure à leur capacité à implémenter des dispositifs standardisés (ERP, lean, kaizen…) et à forcer le changement. Au service de la massification et de la standardisation, ces « planneurs», contrairement aux cadres de proximité, opèrent dans des bureaux éloignés des opérations concrètes et du terrain. Employés pour faire le «sale boulot managérial » ils ne font que manipuler des datas sur un écran.

Qui sont-ils ? Ni experts d’un métier ou d’un secteur, ni entrepreneurs, ni propriétaires, ni chercheurs, il sont intermédiaires financiers, auditeurs, ingénieurs méthodes, contrôleurs de gestion ou encore consultants, et rendent compte à des donneurs d’ordre (DRH, DSI, directeurs financiers et juridiques, associés de cabinet de conseil ou de fusions-acquisitions, etc.) . « Dans le conseil, ce sont de jeunes diplômés de grandes écoles qui n’ont jamais mis les pieds en entreprise et passent leurs journées à manipuler des algorithmes », témoigne Marie-Anne Dujarier. « L’inexpérience des dimensions matérielles, sociales et existentielles du travail devient alors une compétence pour ce genre de postes », analyse la sociologue.

Symptôme de l’absurdité de ce mode de management, les « planneurs », qui utilisent eux-mêmes des dispositifs et des process mis à disposition par leurs pairs, exercent également leur droit de critique sur le décalage de performance entre la théorie et la pratique. « Une direction informatique doit rendre des comptes au contrôle de gestion, appliquer des démarches qualité et des procédures RH, au même titre que la DRH doit utiliser les systèmes d’information concoctés par la DSI et suivre la démarche de pilotage par les objectifs animée par le contrôle de gestion. Or en pratique un DRH dit se fier davantage à son feeling pour recruter un proche qu’à la procédure dite d’évaluation mise en place dans son organisation », démontre Marie-Anne Dujarier.

Sur la même ligne, les dirigeants interviewés, issus de secteurs variés, affichent cette juste clairvoyance, soulignant les effets bureaucratiques fâcheux de ce management par la performance (multiplication des indicateurs, des systèmes d’information, des procédures, etc.) parfois contre-productif comme en témoignent divers opérateurs salariés dans l’ouvrage. Tous doutent des résultats, ne serait-ce qu’en matière d’innovation et de relation client.

Le plus grave et le plus préoccupant, c’est finalement l’enthousiasme de ces soldats «planneurs » , avides de missions improbables, tel ce spécialiste en gestion RH, appelé pour « licencier 500 personnes en trois mois sans faire de vagues  » qui se dit « excité par la mission » et « impatient de réussir ce beau challenge  ».


En savoir plus sur http://business.lesechos.fr/directions-ressources-humaines/ressources-humaines/harcelement-au-travail/021687745476-enquete-sur-les-derives-du-lean-management-207240.php?mVBozVbcvGKlKEDz.99

mardi 20 septembre 2016

Frais cachés de Natixis - La liste des 42 fonds particulièrement concernés

Voici la liste des fonds à formule commercialisés dans les réseaux des Banques populaires et des Caisses d’épargne, encore en cours en 2015, dont les rendements ont été le plus impactés par les marges cachées.

Nous publions ci-dessus les noms d’une quarantaine de fonds à formule gérés par Natixis Asset Management (NAM), pour le compte des Banques populaires et des Caisses d’épargne. Ces fonds, souscrits dans le cadre d’une assurance vie, d’un PEA ou d’un compte-titre, ont fait l’objet de frais de gestion supplémentaires par NAM, sans que les clients en aient été avertis. En pratique, le nom des fonds (ou unité de compte dans les assurances vie) se retrouve sur les bulletins de souscription ou les relevés annuels d’épargne sous le titre « Libellé du support ». La marge prélevée dans le dos des clients tourne en moyenne autour de 0,20 %, avec des pointes à 0,57 %. Une marge qui représente, par exemple, plus de 3,1 millions d’euros pour le fonds Izéis Vie Décembre 2017.
Tous les fonds de cette liste ont été souscrits à partir de 2008 et étaient encore en cours en 2015. Mais plusieurs fonds antérieurs (souscrits après 2005, comme des fonds Odeis et Al Dente) sont aussi concernés, comme nous le montrons dans notre enquête. En collaboration avec le site d’information Mediapart, qui publie un nouvel article sur le sujet, « Que Choisir » poursuit ses investigations afin de définir quel pourrait être le montant des préjudices pour les consommateurs.

dimanche 18 septembre 2016

Recyclivre

RecycLivre collecte les livres d'occasion, CDs, DVDs, vinyles, jeux vidéos dont vous souhaitez vous séparer. Dans les villes où nous intervenons, nous venons les chercher chez vous gratuitement lors de l'une de nos tournées. Pas besoin de les emballer, nous venons avec des cartons.

RecycLivre n'a cependant pas vocation à recycler les livres d'occasion pour en faire du papier, mais bien de les revendre pour pouvoir soutenir des programmes d'éducation dans des régions du monde qui en ont besoin.

Attention ! Nous ne pouvons donc pas collecter les livres très abîmés ou aux contenus obsolètes (ex : manuels scolaires), les dictionnaires et encyclopédies, les livres clubs (ex : France Loisirs, Grand Livre du Mois, Sélection du Livre...) tout comme les revues et journaux et les guides de voyage.

Si vous prévoyez d'emballer vos livres, merci de le faire dans des cartons de taille raisonnable (40cm*30cm*30cm environ) de façon à ce qu'ils soient manipulables par une personne seule.

Nous proposons également un service de débarras de livres, CDs, DVDs, Vinyles.

Vous pouvez aussi venir déposer vos livres dans nos bureaux.

samedi 10 septembre 2016

Les énarques : une oligarchie dépassée

Pourquoi la France, pays disposant d’atouts naturels et humains, réussit-elle moins bien que certains de ses voisins ? Pourquoi le pessimisme sur l’avenir est-il un mal typiquement français ? Pourquoi ce pays ne parvient-il pas à s’adapter à la réalité contemporaine qui est le dépassement de l’État-nation et l’évolution vers une globalisation scientifique, économique, financière et parfois même associative ? Toutes ces questions comportent des réponses complexes, mais les quelques milliers de personnes qui constituent la haute administration française ont nécessairement, puisqu’elles dirigent le pays, une part importante de responsabilité dans la situation actuelle. D’autant que la situation française est tout à fait singulière.

Les spécificités historiques

Un État-nation très centralisé se construit très tôt en France et ses dirigeants accumulent un pouvoir écrasant la société civile. La monarchie absolue, le jacobinisme, l’Empire napoléonien, la troisième République sont des régimes politiques glorifiant l’État et mettant l’élite à son service. L’aristocratie d’Ancien régime a été remplacée par une aristocratie d’Empire puis par une aristocratie républicaine. Mais toujours, une petite oligarchie a détenu l’essentiel de la compétence et du pouvoir dans la sphère publique.

En 1945, ce travers bien français est accentué par la création de L’École nationale d’administration (ENA). Les hommes qui ont présidé à la naissance de l’ENA, sous le gouvernement provisoire de la République (1944-1946), sont le général de Gaulle, Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste français, et Michel Debré. Inutile de préciser que ces hommes sont bien loin du libéralisme. Ce sont des étatistes convaincus, qui veulent construire un État puissant et s’en donnent les moyens. Leur réussite sera complète.
Compétence et conquête du pouvoir

La noblesse d’État sera donc désormais formée, et même formatée, dans une école spécifique. Coupée de la société civile, cette caste maîtrise parfaitement les rouages complexes de l’administration et des institutions républicaines. Elle connaît les finesses du droit public et dispose d’une compétence sans partage en matière de finances publiques. Les politiciens, désignés ou élus, doivent composer avec cette technocratie d’État, car sans elle, ils ne sont rien : sans la bonne volonté des administrations, impossible d’agir.

Peu à peu, à partir du milieu des années 1960, les énarques vont coloniser les cabinets ministériels et les fonctions politiques. Le statut de la fonction publique leur est très favorable. Un fonctionnaire élu est placé en position de détachement et peut retrouver son poste s’il n’est pas réélu. Le risque est donc nul. Pourquoi alors ne pas cumuler la compétence du haut fonctionnaire et le pouvoir du politique ? On imagine la puissance que cela représente : être beaucoup plus compétent que la plupart des députés du fait de l’expérience professionnelle et disposer de la légitimité démocratique par l’élection. La combinaison est presque toujours gagnante. Le risque, encore une fois, est pratiquement nul.

Un cas unique au monde

Il existe des études statistiques permettant d’apprécier l’importance numérique et le pouvoir des énarques dans le monde politique et les cabinets ministériels . Mais sans entrer dans ces détails, chacun peut très facilement constater cette spécificité française en se limitant aux plus hautes fonctions politiques. Après la période de fondation de la Ve République par le général de Gaulle (1958-1969), six Présidents de la République (PR) se sont succédés. Trois d’entre eux sont des énarques (Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac, François Hollande). En ce qui concerne les premiers ministres (PM), sur la même période (1969 -2015), les énarques dominent également. Le tableau suivant fournit un panorama d’ensemble :

Sur une période d’environ 46 ans, le Président a été un énarque pendant 21 ans et le Premier ministre pendant 25 ans, soit 55% du la durée totale. Mais les périodes où ni le Président ni le Premier ministre ne sont des énarques se limitent à une dizaine d’années. Un énarque a donc été présent dans le couple Président – Premier ministre pendant environ 36 années sur 46.
Ce phénomène est unique au monde. Une seule école a une place prépondérante en France dans le recrutement des gouvernants depuis la fin des années soixante. Dans tous les autres pays développés, le recrutement est beaucoup plus diversifié. Prenons deux exemples sur la même période : Allemagne et États-Unis.

Pourquoi le système français conduit-il à l’échec ?

Tout simplement parce que la formation des énarques est étroite, sans ouverture sur la diversité sociale, économique, technologique, scientifique. Le secteur public, rien que le secteur public pour l’écrasante majorité de ces hauts fonctionnaires qui régentent le pays. L’actuel Président de la République constitue un exemple presque caricatural de cette expérience limitée. Candidat socialiste par défaut, il parvient au poste suprême pour l’unique raison que les meilleurs de son camp (Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn) ont été écartés par des ennuis judiciaires. L’improbable se produit donc et un énarque-apparatchik pur, sans aucune expérience ministérielle, accède à la présidence. Il maîtrise parfaitement les combinaisons partisanes et électoralistes, dispose d’une vaste culture politique, économique et juridique, mais n’est jamais sorti du cercle de la technocratie publique et des cadres des partis politiques. Il ignore tout de la vie vécue par 99% de ses contemporains. Son monde est celui des équilibres politiques subtils et de l’évitement stratégique. Ce profil est archétypal de la haute fonction publique. Combien de petits François Hollande gouvernent la France ?

Les énarques ne sont pas adaptés au monde ouvert qui est le nôtre. Créée par des étatistes après la seconde guerre mondiale, l’ENA pouvait représenter un atout dans une France aux frontières hermétiques, se protégeant de la concurrence par des droits de douane et des contingentements. Le capitalisme de connivence pouvait fonctionner avec une certaine efficacité dans un contexte purement national. Mais l’ouverture des frontières change la donne car la connivence n’existe pas à l’échelle internationale. Lorsque le pays doit affronter la concurrence des pays de l’Union européenne (libre circulation), celle des pays émergents et celle des pays développés extra-européens (abaissement des obstacles aux échanges), les petits arrangements au sein de l’élite politico-administrative représentent un handicap. Il n’est plus question d’utiliser les subterfuges traditionnels pour tromper la population, en particulier la dévaluation de la monnaie. La France était auparavant une grande adepte de la dévaluation qui permettait de masquer à la population l’inefficacité relative de sa gestion publique. L’inflation constituait une autre supercherie : la Banque de France pouvait créer de la monnaie sur instruction gouvernementale et rembourser ensuite la dette publique en monnaie de singe. Cette époque est définitivement révolue.

Il faut désormais être compétitif, s’adapter sans cesse aux évolutions, bref accepter la concurrence. Du fait de sa formation, l’aristocratie républicaine en est incapable. L’attitude archaïque de la France en Europe ressemble donc, dans son principe, à celle de la Grèce : promettre toujours, mais ne jamais tenir, mentir pour obtenir des délais, éviter la confrontation au réel par des manœuvres politiques. Ce ne sont pas les Français qui refusent le monde actuel, puisqu’ils fuient de plus en plus le pays pour s’installer à l’étranger. Ce sont leurs dirigeants, une caste fermée sur elle-même et protégeant ses privilèges au détriment de la population entière.

Les manœuvres politiques ne fonctionnent plus aujourd’hui. L’élite administrative et politique française est totalement rejetée par la population. Il suffit d’écouter. Deux thèmes reviennent souvent dans les discussions du Café du Commerce : on ne comprend rien à ce qu’ils racontent ; ils ne font qu’augmenter les impôts sans rien donner en contrepartie. L’insatisfaction grandissante des Français et les succès électoraux du Front National sont les premiers symptômes de la fin de l’énarchie.

mercredi 7 septembre 2016

Médias français : qui possède quoi ?

Nous publions une carte du paysage médiatique français, qui permet de démêler l’écheveau des concentrations dans la propriété des grands médias. Cette carte est le fruit d’un partenariat entre Acrimed et Le Monde diplomatique.

http://www.acrimed.org/Medias-francais-qui-possede-quoi

Les laboratoires pharmaceutiques qui arrosent le plus les médecins... et les médecins les plus arrosés

http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/les-laboratoires-pharmaceutiques-qui-arrosent-le-plus-les-medecins-1020396

https://www.transparence.sante.gouv.fr/

http://www.regardscitoyens.org/sunshine/
Lumière sur Sunshine
Ce que les labos donnent à nos médecins

Open Data sur les cadeaux et contrats versés par les laboratoires pharmaceutiques
aux praticiens de santé entre janvier 2012 et juin 2014